Lucie PERRIN
Consultante sommeil
Publié le jeudi 26 juin 2025
Fatigue, réveils, endormissements… Et si « ça va passer » t’empêchait de voir ce qui pourrait vraiment aider ?
Beaucoup de parents espèrent que le sommeil finira par se réguler avec le temps. Mais combien de temps faut-il attendre ? Et surtout, comment savoir si ton bébé a vraiment besoin d’aide pour dormir… ou si c’est juste une phase à traverser ?
Faire dormir un enfant, on aimerait tous que ce soit magique.
Qu’il ferme les yeux paisiblement, qu’il glisse dans le sommeil comme un petit nuage… Et que toi, parent, tu puisses enfin souffler. Récupérer.
Mais pour beaucoup de familles, la réalité est bien différente : un bébé qui pleure, qui lutte contre le sommeil, qui se réveille toutes les deux heures, qui ne s’endort que dans les bras ou au sein. Des nuits en pointillés et du café en perfusion. Et cette petite question dans un coin de sa tête : Quand est-ce qu’il va dormir ? Est-ce que ça va passer tout seul ?
Parfois, oui. Mais parfois non… Et attendre trop longtemps peut compliquer les choses : tu te retrouves à puiser dans tes réserves, à improviser au jour le jour, sans trop savoir si tu es encore sur la bonne voie. Les conseils non sollicités et les injonctions commencent vraiment à te prendre la tête !
Et ça peut finir par peser sur votre équilibre et sur votre quotidien. Toi, ton petit, ton couple, ses frères et sœurs s’il y en a. Alors qu’à l’inverse, un enfant reposé, c’est une famille apaisée. Un luxe ? Pas forcément !
Les idées reçues : ces croyances qui freinent les parents
Quand j’anime des ateliers sur le sommeil, je vois à quel point les parents sont informés et impliqués… mais aussi très souvent pris dans des croyances qui n’aident pas.
« Ça va finir par passer, ça va passer tout seul, non ? »
C’est LA phrase que j’entends le plus souvent. Et je comprends. On a envie d’y croire. On a besoin d’y croire. Parce que croire le contraire, c’est reconnaître que ce n’est pas si simple… qu’on est peut-être déjà bien fatigué·e, et qu’on aurait besoin d’un coup de main.
Mais le sommeil ne se régule pas toujours « naturellement ». Un nourrisson met plusieurs semaines à trouver son rythme – c’est normal. Mais passé un certain âge, si les réveils sont fréquents, les endormissements longs, et l’épuisement bien là… ce n’est probablement plus une simple phase. Certains enfants trouvent le chemin du sommeil facilement, d’autres ont besoin d’un petit coup de pouce.
Attendre sans rien faire, dans ce cas-là, c’est s’épuiser inutilement.
« Je vais y arriver seul·e »
Il y a aussi cette pression implicite. Celle de la mère ou du père parfait·e, qui peut comprendre son bébé, l’apaiser, et le faire dormir avec douceur… tout en restant calme, dispo, souriant·e. Comme si bien faire, c’était forcément faire seul·e, sans faillir.
Une maman m’a écrit récemment :
« Je pensais pouvoir tenir encore quelques semaines… avant de découvrir que je réagissais comme une zombie au moindre réveil. Je me suis dit : ça peut plus durer, il faut que quelqu’un m’aide. »
Demander de l’aide, ce n’est pas un aveu d’échec. C’est une preuve de lucidité, de courage, de respect pour soi et pour son enfant… avant d’arriver dans le mur !
« Les accompagnements sommeil, c’est du dressage. »
Cette crainte, je l’entends souvent : celle d’imposer un rythme à un tout-petit, de le forcer à dormir coûte que coûte, voire pire, de le laisser pleurer sans répondre à ses besoins.
Heureusement, il existe aujourd’hui des approches respectueuses, qui prennent en compte les besoins du bébé et ceux de ses parents. Pas de méthode toute faite, on travaille ensemble pour comprendre ce qui coince, trouver des leviers simples et réalistes, qui correspondent à ton quotidien, tes valeurs, ton enfant. Et qui fonctionnent, justement parce qu’elles sont adaptées à toi, à ton enfant, à ta famille !
Ce qu’on ne voit pas toujours tout de suite…
Attendre, dans certains cas, ça marche. Quand bébé est en pleine poussée dentaire, ou qu’il traverse un pic de croissance, le sommeil peut effectivement se dégrader… puis revenir à la normale. Il y a 1001 raisons pour lesquelles le sommeil d’un petit peut être chamboulé. Dans ces cas-là, pas de panique ! C’est temporaire !
Mais parfois, le temps ne suffit pas.
Quand les réveils deviennent la norme, quand donner un biberon à 3 h du matin à son enfant de 18 mois est la seule façon de se rendormir, quand le cododo n’est plus un choix mais une obligation pour survivre à la nuit… alors il est temps de se demander si un accompagnement ne serait pas plus simple.
« J’ai attendu trop longtemps en espérant que ça passe. Résultat : je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Si j’avais su que quelques ajustements pouvaient tout changer, je n’aurais pas attendu aussi longtemps. »
On lit souvent ce genre de témoignage de parents qui, avec le recul, réalisent à quel point ils se sont épuisés à attendre. Pas par manque de courage ou de compétence, mais parce qu’ils s’étaient dit que « ça allait finir par passer ».
Parfois aussi, à force d’attendre et d’espérer, on finit par tout essayer : on teste une façon de faire, puis une autre, puis son contraire… avec les meilleures intentions du monde. Mais ces tentatives permanentes peuvent devenir insécurisantes pour l’enfant. Il ne comprend plus ce qu’on attend de lui. Et ce flou, ce manque de repères stables, peut justement amplifier ce qu’on cherchait à apaiser : les pleurs, les réveils nocturnes, les difficultés d’endormissement.
Un parent m’a confié un jour : « On avait essayé mille trucs sans se rendre compte que notre enfant ne savait plus à quelle sauce il allait être mangé. On n’avait pas compris que c’était ce qui l’angoissait finalement. »
Quand le cadre change tout le temps, même avec les meilleures intentions, ça devient difficile pour un tout-petit de comprendre ce qu’on attend de lui. Sans repères stables, il peut se sentir perdu, inquiet… ce qui renforce encore les réveils, les pleurs, les tensions. Ce n’est pas une question de « faire bien » ou « mal ». C’est juste que la stabilité et la prévisibilité comptent autant que la douceur. Et ça, on ne le voit pas toujours tout de suite.
Le sommeil de bébé : phase passagère ou vrai besoin d’aide ?
Certaines situations sont clairement transitoires :
Mais dans d’autres cas, on est sur quelque chose de plus solide :
Et c’est là que ton énergie devient une donnée centrale.
Alors… quand faut-il agir ?
Ça dépend. Du contexte, de ton enfant, et aussi… de ton niveau d’énergie.
Tu t’es peut-être déjà dit : « ça va, je vais attendre un peu ». Ou au contraire : « J’en peux plus, je suis à bout ».
Mais parfois, on ne sait même plus vraiment où on en est. On s’habitue à la fatigue. On ne mesure plus l’ampleur de ce que ça nous coûte. Ni de ce qui est impacté par notre épuisement.
Et si je regardais les choses autrement ?
Tu n’as pas besoin d’attendre d’être à bout pour te poser et te demander s’il est possible de voir les choses autrement.
Il n’y a pas une seule vérité, ni une recette magique valable pour tous. Mais il y a toujours des pistes à explorer, des ajustements à tester, des pas de côté à oser. Et parfois, un petit outil peut déjà t’éclairer.
Le simple fait de répondre aux questions du test devrait déjà te faire avancer. Promis, elles sont faciles même quand on n’a pas dormi depuis des mois 😉 Les résultats vont t’aider à mieux comprendre ce que vous traversez, peut-être à te rassurer sur ce que tu traverses, ou à l’inverse, à mieux te préparer pour revenir à des nuits et à des couchers sereins. Tu n’as pas besoin d’attendre que ça s’aggrave pour redonner à ton corps et à ton cœur ce dont ils ont besoin.
Ce qu’on retient de tout ça :
• Le sommeil de bébé ne se règle pas toujours tout seul. • Certains signaux méritent qu’on s’y arrête un instant. • Il existe des manières d’agir respectueuses de ton enfant… et de toi. • Le test peut t’aider à y voir plus clair, sans pression, sans injonction.
Photo de Tara Rayeh)