Susana NUNES
Doula | Accompagnatrice en allaitement
Publié le mercredi 25 juin 2025
Et si on arrêtait de croire qu’ils peuvent improviser ? « Ce n’est pas moi qui suis enceinte », « Je verrai le moment venu », « Je n’ai pas besoin de me préparer, ça viendra naturellement ». Ces phrases, on les entend souvent chez les futurs papas. Et à vrai dire, on les comprend. Tel qu’il existe aujourd’hui, le parcours de préparation à la naissance ne les invite pas franchement à se sentir concernés. S’ils sont conviés, c’est souvent en simples observateurs. Les informations sont dirigées quasi exclusivement vers les femmes.
Mais est-ce vraiment inné :
Clairement, non. Ce que nous proposons actuellement aux futurs pères est largement insuffisant. Et pourtant, on attend aujourd’hui des pères qu’ils remplacent à eux seuls tout un village disparu. Qu’ils soient partenaires attentifs, pères présents, logisticiens efficaces, cuisiniers, bras supplémentaires, et piliers émotionnels. Sans se plaindre. Parce que, soi-disant, ce n’est pas eux qui ont accouché. Parce que ce n’est pas eux qui allaitent. Et parce qu’un homme doit être fort, assurer.
Après, on s’étonne. On s’étonne que 50 % des jeunes parents envisagent une séparation dans la première année. Qu’une mère sur six et un père sur dix soient touchés par la dépression post-partum. Qu’en France, le suicide soit aujourd’hui la première cause de mortalité chez les jeunes mères. C’est violent. Mais c’est la réalité.
Oui, c’est une position inconfortable. Comment reprocher à notre partenaire de ne pas être assez présent alors que nous-mêmes, on est au bord de l’effondrement ? Comment entendre qu’il a besoin de soutien, lui aussi, alors qu’on a l’impression d’avoir tout à porter ? Mais aucun des deux n’est coupable de quoi que ce soit. Il y a juste un système mal foutu, qui prépare à peine les mères… et oublie presque totalement les pères. Au mieux, on prépare les mamans à l’accouchement et à l’allaitement. Et les papas essaient de suivre avec le peu de ressources qu’on leur donne. Autrefois, il y avait des rites de passage, entre hommes, entre femmes. Un village autour des jeunes parents. Des grossesses moins médicalisées, des transmissions vivantes. Ces repères-là ont disparu. Mais le besoin, lui, est toujours là. Et le rôle des pères n’a jamais été aussi crucial.
Un futur père bien préparé peut faire toute la différence :
Mais pour cela, il faut se préparer. Avoir les infos. Savoir quoi dire, quoi faire. Et surtout, avoir parlé de tout ça en amont avec sa compagne.
Un papa qui crée du lien avec son bébé dès la grossesse, c’est un papa qui se sent plus impliqué, plus à sa place, plus en confiance. Et ce lien, il n’apparaît pas toujours comme par magie à la naissance. C’est souvent parce qu’il n’a pas encore ce lien-là que beaucoup de futurs pères se sentent « pas concernés » pendant la grossesse… et donc « pas besoin de se préparer ». Et puis, le jour de l’enfantement arrive. Ils sont là, présents physiquement, mais parfois démunis. Et ça laisse des traces. Un sentiment d’impuissance. Une culpabilité. Et il peut y avoir une vraie difficulté à entrer dans leur rôle de père. Quand ils tiennent enfin le bébé dans les bras et qu’ils ne ressentent pas cette fameuse « connexion magique », ils culpabilisent. Ils se demandent si quelque chose cloche chez eux, s’ils sont faits pour être pères. Alors qu’en réalité, c’est juste qu’ils n’ont pas eu droit à une préparation à la hauteur de leur rôle. Quand le lien d’attachement tarde à venir, certains croient que c’est la faute de l’allaitement. Que le bébé est « trop collé à sa mère ». Alors on arrête l’allaitement, pensant que ça aidera le père à « trouver sa place ». Ou parce que le père n’a pas compris les problématiques ni les enjeux derrière l’allaitement et trouve que passer au lait artificiel c’est une solution simple pour tout le monde. Mais le lien d’attachement ce n’est pas une affaire de biberon. C’est une affaire de présence, de régularité, de petits gestes répétés. Et ça commence bien avant la naissance.
Et il y a plein de manières concrètes de créer ce lien, dès la grossesse. C’est un des sujets abordés dans la préparation audio dédiée aux futurs papas « Gardiens de la Naissance ». Des épisodes courts et concrets, pour les aider à :
Parce qu’un père bien préparé, c’est une mère mieux soutenue. Et un bébé mieux accueilli. Moins de risque de dépression post-partum, moins de risques de séparation. Investir dans une préparation à la naissance pour le futur papa, c’est aujourd’hui essentiel. Et toujours moins cher qu’une thérapie de couple ou qu’un divorce !