Jennifer Aubine
Consultante sommeil
Publié le jeudi 17 avril 2025
Les clés du sommeil chez l’enfant : décryptage des cycles et des régressions
1) Comprendre le sommeil de votre enfant
Pour améliorer le sommeil de votre enfant, il faut d’abord comprendre ses mécanismes et la façon dont il fonctionne.
Voici les 5 fondamentaux à connaître sur le sommeil :
Chaque être humain a une horloge interne, appelée horloge biologique, qui régule le cycle jour-nuit. C’est elle qui nous dit quand il faut dormir et quand il faut être réveillé.
La lumière du jour est le principal facteur qui influence cette horloge. C’est un peu le chef d’orchestre du fonctionnement de notre organisme. La lumière envoie un message à notre cerveau pour lui indiquer que « c’est le jour », ce qui va avoir un impact sur la production de la mélatonine (l’hormone du sommeil) et du cortisol (l’hormone du stress). La production de ces hormones varie tout au long de la journée et de la nuit. Pour assurer de bonnes conditions d’endormissement, l’objectif est de veiller à favoriser la sécrétion de la mélatonine et baisser le niveau de cortisol.
La température corporelle joue également un rôle important. Elle évolue aussi tout au long de la journée et de la nuit pour accompagner le sommeil.
Le sommeil dépend aussi de notre besoin d’être actif (état de veille) et de notre envie de dormir (pression du sommeil). C’est ce qui fait qu’il est naturellement plus difficile de se rendormir à 4h du matin qu’à minuit, ou qu’on aura potentiellement plus de mal à faire une sieste à 17h qu’à 13h après le déjeuner, enfin la plupart du temps.
Enfin, notre patrimoine génétique a un impact, bien que ce ne soit pas le seul facteur. L’hérédité va surtout jouer sur le chronotype et la durée du sommeil, c’est-à-dire le type de dormeur qu’on est, plutôt couche-tôt ou couche-tard.
Concrètement, ce qu’il faut retenir, c’est que :
2) Les régressions du sommeil
Les régressions du sommeil se produisent souvent de façon soudaine et sans aucune cause apparente, alors que votre enfant semblait avoir trouvé un rythme de sommeil plutôt stable. C’est le moment où vous vous dites “Je ne comprends pas ce qu’il se passe, plus rien ne marche !”. Vous observez une dégradation soudaine du sommeil, souvent marquée par des réveils nocturnes fréquents, des siestes perturbées, voire impossibles, une résistance à l’endormissement, et des pleurs au moment du coucher ou de la sieste.
Une régression du sommeil n’est pas une régression en soi, mais plutôt une progression dans le développement de l’enfant. Elle est souvent liée à l’acquisition de nouvelles compétences, que ce soit sur le plan psychomoteur, comme s’asseoir ou marcher, ou cognitif, tel que l’apprentissage du langage.
Ces étapes de développement mobilisent tellement le cerveau de votre enfant, qui a besoin de ressources, qu’il n’arrive plus à gérer le sommeil en même temps. Je vous rassure, ce n’est qu’une période. Une fois dépassée, tout revient dans l’ordre. Et c’est d’ailleurs souvent après coup qu’on se dit “ah mais c’est pour ça que c’était le bazar !”.
Les enfants ne sont pas amenés à marquer toutes les régressions de la même façon. Néanmoins, on sait qu’elles peuvent se manifester autour de :
4 mois Cette régression est souvent la plus marquée. Elle est liée à des changements hormonaux et à des développements émotionnels. Pendant cette période, la structure du sommeil de votre enfant évolue, et il commence à percevoir son lien affectif avec vous, ce qui peut rendre la séparation plus difficile.
Entre 7 et 9 mois À cet âge, votre enfant commence à éprouver l’angoisse de la séparation. Il gagne également en autonomie dans ses mouvements, passe de la position couchée sur le dos à celle assise, et les premières dents pointent souvent le bout de leur nez ; autant de choses qui font qu’il aura encore plus de mal à quitter ses parents.
À 12 mois Cette régression est souvent liée à l’acquisition de la marche, qui peut être un peu plus tard, mais tous font face à un développement émotionnel et cognitif important à cette période.
Vers 18 mois L’angoisse de séparation atteint son apogée et votre enfant développe davantage sa personnalité et son langage. Cette étape peut parfois entraîner une régression au moment du coucher, avec plus de difficultés à se séparer.
Entre 2 et 3 ans À cet âge, votre enfant devient plus sociable, développe sa personnalité grâce à l’apprentissage de la parole, mais peut aussi tester ses limites, notamment en matière d’alimentation et de sommeil.
Que faire en cas de régression du sommeil ? Et bien on ne change rien ! Ce n’est pas le moment d’amener des changements, au risque de voir la situation se dégrader encore plus. Chaque phase dure en général entre 2 à 6 semaines. Une fois qu’il aura bien acquis ses nouvelles compétences, les choses reviendront à la normale. Comprendre que votre enfant est dans une phase de régression du sommeil vous permet de mieux accepter ces phases et de les accompagner au mieux.
L’enjeu pour vous à ce moment-là consiste à :
Rappelez-vous que ces phases sont temporaires et que votre enfant retrouvera progressivement ses habitudes de sommeil, je vous le promets !