Jennifer Aubine
Consultante sommeil
Publié le vendredi 21 février 2025
Parmi les fausses croyances les plus répandues, on retrouve :
1) “Ton bébé devrait faire ses nuits à 3 mois”. Cette expression “faire ses nuits” est largement utilisée mais souvent mal comprise: elle est perçue comme la capacité d’un nourrisson à dormir sans interruption pendant une période prolongée, généralement de 8 à 12 heures. Cependant, cette définition ne tient pas compte des besoins biologiques et du développement des cycles de sommeil des nourrissons.
Les réveils nocturnes sont tout à fait normaux et physiologiques. Votre bébé a faim, il a besoin d’être rassuré, il a besoin de contact, c’est tout un monde qu’il découvre hors du ventre de sa maman. Les réveils nocturnes peuvent aussi être plus nombreux en cas de maladie, de poussée dentaire, de pics de croissance (vers les 3 semaines et les 3 mois du nourrisson) ou de bonds mentaux (des étapes clés dans la construction du cerveau des bébés et de leur développement). En réalité, “faire ses nuits” signifie que l’enfant parvient à enchaîner 5 à 6 heures de sommeil, sans réveiller ses parents.
2) “Tu vas trop habituer ton bébé aux bras, il ne pourra plus s’en passer”. Cette affirmation, bien qu’elle parte souvent d’une bonne intention, ne tient pas compte des besoins affectifs et de développement des nourrissons.
Tenir dans les bras ou bercer son bébé pour l’aider à s’endormir n’est pas une mauvaise habitude, mais une réponse naturelle et bénéfique à ses besoins fondamentaux. Répondre aux besoins de contact de votre bébé va permettre de favoriser le lien d’attachement, renforcer son sentiment de sécurité et faciliter son sommeil par la suite. En effet, votre contact va aider votre bébé à réguler son rythme cardiaque, sa respiration et sa température corporelle, favorisant ainsi un sommeil plus paisible et réparateur. Au fur et à mesure que votre bébé va grandir, il va apprendre naturellement à s’auto-apaiser et à dormir de manière plus autonome, grâce à cette base solide de confort et de sécurité émotionnelle établie dès son plus jeune âge.
3) “Tu devrais laisser pleurer ton bébé pour lui apprendre à s’endormir seul”. Cette approche peut fonctionner dans certains cas, il est vrai, mais elle ne prend pas en compte les besoins individuels du bébé. Un bébé qui pleure, et à plus forte raison un bébé de moins de 6 mois, exprime un besoin. C’est sa seule manière de communiquer ses besoins fondamentaux, que ce soit la faim, le confort, la sécurité ou la proximité. Ignorer ces appels entraîne chez l’enfant un sentiment d’insécurité, de stress et d’anxiété, ce qui, loin de favoriser l’apprentissage de l’endormissement autonome, peut perturber davantage son sommeil. Des études établissent d’ailleurs que les bébés qui reçoivent une réponse rapide et réconfortante à leurs pleurs tendent à développer une meilleure régulation émotionnelle et à devenir plus autonomes plus tard dans l’enfance.
4) “C’est parce que tu allaites ton bébé qu’il ne dort pas”. C’est tout l’inverse, les recherches suggèrent que les mamans qui allaitent peuvent en réalité bénéficier d’une meilleure qualité de sommeil par rapport à celles qui n’allaitent pas. L’allaitement maternel favorise la libération d’ocytocine, une hormone qui non seulement renforce le lien entre la mère et son bébé, mais contribue également à réduire le stress. En plus de cela, les cycles de sommeil de la maman se coordonnent naturellement avec ceux du bébé.
5) “Tu devrais ajouter des céréales dans le biberon du soir, cela aidera ton bébé à mieux dormir.“ Cette idée vient de la croyance que le fait de se sentir plus “plein” permettrait au bébé de dormir plus longtemps sans se réveiller pour se nourrir. Cependant, la plupart des experts en santé infantile déconseillent cette pratique, surtout avant l’âge de 4 à 6 mois, car le système digestif des bébés n’est pas encore prêt à traiter autre chose que du lait maternel ou infantile. Les céréales ajoutées ont pour effet de fragiliser la flore intestinale du bébé et contribuent à abaisser son système immunitaire. Une flore intestinale en mauvaise santé joue moins bien son rôle de protection contre les bactéries et les virus. De plus, il n’y a aucune preuve concluante que l’ajout de céréales affecte positivement les habitudes de sommeil des nourrissons.
En résumé, chaque bébé est unique, et vous êtes les mieux placés pour comprendre et répondre aux besoins spécifiques de votre bébé en matière de sommeil. En vous informant, vous pouvez ajuster vos attentes et votre posture en fonction des réactions de votre bébé.